Cette semaine, nous allons axer notre réflexion sur la notion de foi. N’ayant plus de mots proposés par les lecteurs (je vous invite d’ailleurs à ne pas hésiter à me soumettre vos suggestions), je cherchais un thème et en tournant la page de mon calendrier, je me suis fait la réflexion que nous étions entrés dans « le mois de Marie ». Le mot foi m’est alors apparu comme une évidence, car quel plus bel exemple de foi que la croyance au message de l’ange de Marie qui a accueilli le mystère de l’incarnation de façon parfaite. Le pape François a d’ailleurs dit lors d’un discours au moment de l’assomption : « la foi est le cœur de toute l’histoire de Marie, elle est la croyante, la grande croyante. La foi est la vraie raison de la grandeur de Marie »
Par définition, la foi est l’assurance donnée d’être fidèle à sa parole, d’accomplir exactement ce que l’on a promis. Le mot foi vient du latin « Fides » qui signifie confiance. La foi désigne étymologiquement le fait d’avoir confiance en quelqu’un ou en quelque chose. Il s’agit d’un concept philosophique, mais de façon élargie ce terme rejoint également la notion de croyance quand il est relatif à des religions. Cependant la croyance est une affaire individuelle, un jugement personnel alors que la foi implique une reconnaissance réciproque entre les personnes, entre celui qui donne sa parole ou inspire confiance et celui qui la reçoit ou fait confiance. La foi se manifeste aussi comme la fidélité à l’égard de telle ou telle personne et prend alors la forme de l’amitié ou de l’amour.
Nous allons bien sur plus nous concentrer sur la foi chrétienne, comme Marie nous invite à le faire, à vivre la foi comme un engagement de tous les instants, avec persévérance et audace à tous les âges et dans toutes les situations. Avoir la foi, c’est croire, penser que quelque chose est vrai mais sans forcément en avoir la preuve. Croire avec des preuves, relève de la science et du savoir et non plus de la croyance. Dieu est invisible et Jésus a vécu il y a plus de 2000 ans et nous n’avons comme repères que des témoignages écrits recueillis dans l’Évangile. Nous sommes libres de faire confiance à ces témoignages en y croyant et donc en ayant foi en eux. La foi est donc libre car elle relève de notre décision intime de faire confiance aux témoins qui nous parlent de Dieu et d’agir en conséquence dans nos vies. La foi réside dans nos cœurs et non pas dans nos pensées car elle est la démonstration des choses que l’on ne voit pas mais que l’on espère.
Il existe des moments ou notre foi est mise à l’épreuve et ce temps est complexe ; mais il ne faut pas laisser le doute pénétrer son cœur et résister aux diverses inquiétudes qui hantent notre quotidien est l’un des moyens d’exercer notre foi. Mais la foi ne saurait être cantonnée dans le culte et la prière, elle concerne la vie de l’homme dans toutes ses dimensions et entraine donc des exigences éthiques et sociales. Le chrétien s’appuiera sur sa foi pour choisir et prendre les décisions face aux défis éthiques et aux problèmes socioculturels car elle est une source d’éclairage du sens de la vie. Mais face aux questions sociales et politiques tels que l’immigration et l’accueil des étrangers, la foi chrétienne peut elle nous orienter pour des décisions morales conformes à nos convictions ? Le devoir de solidarité envers les plus pauvres quel qu’ils soient semble être la solution que tout chrétien favorisera, en dépit du débat politique adjacent. Les chrétiens par leur foi auront la conviction du devoir de prêter assistance quelque soient les décisions inhérentes aux responsabilités politiques et gouvernementales. Face aux défis éthiques et socio-culturels tel que l’euthanasie, le clonage, l’avortement, le développement durable, le respect des droits humains, etc…., . il est nécessaire de faire des distinctions entre la foi et la politique. Chaque problème doit être traité avec son cœur, sa foi et donc avec l’éclairage des convictions religieuses. Il nous faut voir la foi comme un style de vie, comme une force juste pour avancer et prendre les bonnes décisions.
Car finalement, la foi est une force intime que personne ne peut nous enlever, nous sommes les seuls à pouvoir douter et ébranler notre foi. Si certaines épreuves peuvent nous faire douter et mettre à mal notre foi en Dieu, c’est bien souvent notre foi en l’homme, en l’humanité que nous remettons en cause. Paradoxalement, croire en l’homme est plus difficile que de croire en Dieu, parce que Dieu est bon alors que l’homme ne l’est pas. Comment garder la foi en l’homme face aux réalités de la vie et devant ce qu’il est capable de faire ? mais l’homme est aussi capable du meilleur et c’est sur cela que notre foi doit se baser en prenant la décision de ne considérer que le bien en lui. En choisissant de regarder l’homme avec les yeux de la foi, c’est la personne que Dieu a créée que nous mettons en exergue. Croire en l’homme est important et pour rendre sa foi complète il faut la mettre en pratique dans le monde réel en croyant non seulement en Dieu mais aussi en l’homme. Comme la foi en Dieu, la foi en l’homme murit avec le temps au travers d’expériences agréables ou désagréables.
Alors, cultivons notre foi, en Dieu, en l’homme, pour avancer le plus sereinement possible dans la vie. Comme Marie, soyons ouverts à la volonté divine même si elle est mystérieuse et conduisons nous humblement et dignement sur les base de notre foi pour faire face aux différents maux et relever au mieux les défis que la société génère.