Sur la route de Pâques, nous avançons vers notre 3eme dimanche de carême en nous efforçant de nous recentrer sur l’essentiel et de modifier nos modes de vie pour préparer notre cœur à l’avènement de Pâques. Nous allons cette semaine nous intéresser à un des piliers du carême, l’aumône. Ce mot n’est pas un mot que l’on utilise beaucoup dans nos vies de tous les jours et nous ramène souvent plus au côté péjoratif de misère et de pauvreté plutôt qu’au côté positif de la notion de don.
Par définition, l’aumône est un don en général de faible valeur que l’on fait à celui qui est dans la misère pour l’assister. De façon plus large et figuré, c’est une faveur accordée par charité ou commisération à une personne, une collectivité, parfois un animal ou un inanimé personnifié, par une personne, une collectivité ou un inanimé personnifié. Faire l’aumône est une expression qui fait référence aux dons faits aux pauvres par charité sans rien attendre en retour ou en contrepartie.
Dans la plupart des religions, l’aumône est considérée comme une offrande à Dieu. Elle sert à libérer celui qui l’offre du pêché et à compenser ses mauvaises actions de façon à ne pas souffrir des remords de conscience. On parle d’aumône continue lorsqu’il est question d’investissement dans un projet caritatif qui continue à produire des résultats même après la mort de la personne qui l’a mis en place.
L’aumône représente le 3ème pilier du carême avec le jeune et la prière. Les 40 jours du carême sont l’occasion de se reconnecter à notre foi et de faire vivre au quotidien l’amour de Dieu. Le terme aumône vient du grec eleèo (j’ai compassion) et de sa dérive latine elemosinal (miséricorde, pitié). L’aumône est un acte de compassion qui vise à venir en aide aux nécessiteux. Déjà considérée comme un pilier central de la tradition juive, l’importance de l’aumône est réactualisée dans les enseignements du Christ. Dans le sermon sur la montagne, Jésus délivre son enseignement sur les piliers du carême et commence par celui de l’aumône. (Mt 6, 1-4)
« gardez vous bien de faire des dons devant des hommes pour qu’ils vous regardent ; sinon, vous n’aurez pas de récompense auprès devant votre Père céleste. Donc, lorsque tu fais un don à quelqu’un, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues afin de recevoir la gloire qui vient des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais toi quand tu fais un don, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton don se fasse en secret ; et ton Père, qui voit dans le secret te le rendra. »
Jésus insiste sur la dimension intime du don de soi aux plus démunis, avec lequel il s’identifie. Il ne s’agit pas dans l’aumône de donner en échange d’une certaine reconnaissance sociale mais bien de se donner tout entier, comme Dieu a donné la vie et son propre fils pour l’humanité.
L’aumône est un moyen pour nous de manifester la charité chrétienne, c’est une manifestation matérielle de l’amour du prochain, une action qui nous ouvre à l’autre, un geste d’amour qui vient du cœur et nous incite à prendre soin d’autrui. Nous sommes tous sollicités chaque jour par des demandes multiples de dons et croisons tous les jours des personnes dans le besoin, souvent à la même place, sur notre trajet , à un tel point qu’on ne les voit même plus. Nous donnons souvent de façon mensuelle à des associations, par facilité, pour nous donner bonne conscience, sans plus même y penser. Cela nous permet d’ôter le coté péjoratif de la notion d’aumône, en nous apportant un côté rassurant et déculpabilisant. Mais cet automatisme nous éloigne en même temps de la spontanéité du geste de don et du bénéfice d’amour que cela apporte. Il n’y a pas de petits dons, pas de notion de valeur dans le geste d’aumône. Durant ce carême, il est important de simplement retrouver la pureté de nos cœurs. Dieu nous aime inconditionnellement et la vie du Christ est un modèle pour donner et aimer notre prochain. Soyons fidèles à l’amour de Dieu en nous mettant un peu plus au service des autres. Essayons de dégager de notre temps si précieux, pour nous, pour Dieu et pour autrui. Soyons plus prompts à offrir à notre prochain un sourire, une écoute attentive, un regard bienveillant, du temps, un geste de tendresse, pour montrer à son prochain qu’il est digne d’être aimé. Semons autour de nous la bienveillance, la paix, la fraternité et l’amitié sociale. En résumé, ouvrons notre cœur de façon plus spontanée et intense pour nous préparer à Pâques et accueillir les bienfaits d’amour du don et du partage.