6 mois se sont écoulés depuis la dernière rubrique et notre partage de la lumière de Pâques. Longue période, je l’avoue, et je me dois de vous donner une petite explication. Au-delà des contraintes et des obligations professionnelles, sociales et familiales déjà tellement chronophages, lorsque j’ai voulu m’y remettre, je n’avais plus qu’un seul mot dans la liste des mots proposés : le mot tristesse.
J’ai alors commencé comme d’habitude à définir le mot et à effectuer mes recherches pour développer le sujet et partager avec vous mon raisonnement. Oui mais voilà, chaque tentative fut vaine, et semaine après semaine, chaque fois que j’y revenais, j’étais mise en échec et confrontée à un vide de mots. Je n’arrivais pas à prendre de recul et je ressentais une sorte de peur, comme si le sens négatif du mot m’attirait vers un côté sombre auquel je résistais. Je me suis donc donnée du temps, par nécessité.
De retour du pèlerinage diocésain de Dijon à Lourdes, c’est avec l’esprit libéré et avec beaucoup plus de sérénité que j’ai effectué ma rentrée, avec au niveau professionnel des changements aux répercussions positives aussi sur ma vie sociale et familiale. C’est donc tout naturellement que l’envie de vous retrouver à travers cette rubrique s’est à nouveau manifestée, voire imposée à moi.
Par définition, la tristesse est un état affectif pénible et durable, un envahissement de la conscience par une douleur morale qui empêche de se réjouir du reste.
Le mot tristesse évoque un sentiment de mélancolie ou de chagrin, c’est une émotion humaine naturelle qui peut être ressentie dans différentes situations comme un deuil, des déceptions ou des moments de solitude. Nous éprouvons de la tristesse quand nous sommes privés de quelque chose ou de quelqu’un qui a de l’importance à nos yeux. Quel qu’en soit l’origine, perte, séparation, non obtention, changement difficile, l’ampleur de la tristesse dépend directement de la valeur que nous accordons à son objet. Un individu qui ressent un sentiment de tristesse, fait face à un état léthargique et se replie face aux autres. Le pleur est souvent une indication de la tristesse. La tristesse est l’une des 7 émotions de base décrites par Paul Ekman : parmi elles, la joie, la colère, la surprise, la peur, le mépris et le dégoût. La tristesse est souvent liée à un sentiment de perte d’une chose qui nous est chère. Pour le pape François, la tristesse peut être un signal d’alarme, un feu de signalisation bénéfique dans la vie spirituelle, plus qu’une épreuve à dépasser.
La tristesse est un thème qui traverse de nombreuses traditions religieuses et spirituelles. Dans beaucoup de religion, la tristesse est reconnue comme une émotion humaine normale qui fait souvent partie du parcours spirituel.
Dans le christianisme la Bible aborde la tristesse à plusieurs reprises. Par exemple, dans les Psaumes, on trouve des expressions de chagrin et de désespoir, mais aussi des encouragements à trouver du réconfort en Dieu. L’idée de la souffrance et de la consolation divine est centrale.
Dans le bouddhisme la tristesse est liée à la compréhension de la souffrance (Dukkha). Les enseignements bouddhistes encouragent à reconnaître et à accepter la tristesse comme une partie de la vie, tout en cherchant à transcender cette émotion par la méditation et la pleine conscience.
Dans l’islam, la tristesse est également reconnue, et il est enseigné que les épreuves et les souffrances peuvent renforcer la foi. Les prières et la patience sont souvent conseillées pour surmonter les moments difficiles.
Dans l’hindouisme, les textes hindous parlent de la vie comme d’un cycle de joie et de tristesse. L’acceptation de ces émotions est vue comme un moyen d’atteindre la paix intérieure.
Dans toutes ces traditions, la tristesse peut être un catalyseur de croissance personnelle et spirituelle, incitant les individus à chercher un sens plus profond et à se rapprocher de leur foi ou de leur spiritualité. C’est donc un sentiment qui nous relie à notre royaume intérieur par le chemin des larmes.
Nous allons pour l’heure approfondir un peu plus la notion de tristesse dans le christianisme. Dans la Bible, la tristesse est abordée à plusieurs reprises, elle s’exprime par le chagrin et le désespoir, mais on y trouve aussi des encouragements à trouver du réconfort en Dieu. En effet l’idée de la souffrance et de la consolation divine est centrale dans le christianisme.
Selon Dieu : « la tristesse est un don de l’esprit. C’est la prise de conscience profonde que nos actes ont offensé notre Père et notre Dieu. C’est la conscience vive et intense du fait qu’à cause de notre comportement le sauveur, lui le plus grand de tous, qui est sans péché a dû supporter angoisse et souffrance. »
« La tristesse est un obstacle avec lequel le tentateur veut nous décourager » dit le pape. Pour la vaincre, François encourage à « conserver fermement en soi la pensée de la joie de la résurrection. »
La tristesse est considérée de manière négative comme un mal à éviter à tout prix, et pourtant, elle peut être une sonnette d’alarme indispensable à la vie, une valeur positive qui peut jouer dans la vie spirituelle.
A la lecture de toutes ces phrases, nous sommes confrontés à un paradoxe : la tristesse serait une clé d’accès à la joie, le b. a.- ba de notre spiritualité.
La tristesse nous aide à reconnaître la profondeur des émotions humaines. En la vivant plus pleinement, nous pouvons aussi apprécier plus profondément les moments de joie et de bonheur. Les expériences de tristesse peuvent conduire à une meilleure compréhension de soi et à une croissance personnelle, prise de conscience utile à une ouverture d’esprit pour apprécier les moments plus joyeux. Traverser des périodes difficiles peut nous donner une perspective plus large sur la vie. Nous devenons souvent plus conscients des aspects positifs et des sources de joie après un vécu douloureux. La tristesse peut nous transcender et renforcer nos capacités à ressentir de l’empathie pour les autres. En comprenant et en partageant la douleur d’autrui, nous pouvons établir des liens plus profonds et plus significatifs, ce qui enrichit nos expériences joyeuses. Parfois exprimer et traiter la tristesse permet de libérer des émotions refoulées créant ainsi de l’espace pour la joie et le bien-être. La joie peut sembler plus éclatante après avoir vécu la tristesse, car les contrastes entre les émotions rendent chaque sentiment plus distinct et plus intense.
En somme, la tristesse et la joie ne sont pas des étapes opposées, mais plutôt des aspects complémentaires de l’expérience humaine. En acceptant et en comprenant notre tristesse, nous ouvrons la porte à une joie plus profonde et authentique.
La tristesse nous fait peur et nous la considérons négativement, donc mal perçue elle est souvent mal vécue. Notre culture contemporaine nous pousse à rechercher le bonheur de façon inconditionnelle et est bien inhospitalière et réfractaire à cette émotion. Comme toute émotion, la tristesse se doit d’être écoutée, acceptée et intégrée non pas comme une faiblesse mais comme une force de résilience. Il nous faut l’observer, ne pas la fuir, entrer en contact avec elle. Il ne faut pas vouloir la faire disparaitre mais l’affronter et la traverser, telle une amie qui nous remet en mouvement et en chemin vers la renaissance à la joie par la foi. La craindre est légitime, mais voir au-delà et visualiser avec confiance la satisfaction ressentie au bout de ce chemin de résilience est un atout et une aide que la foi nous permet de vivre et de réaliser.
Je voudrais remercier la personne qui avait proposé ce mot pour cette rubrique, qui m’a, je l’avoue, posé problème et provoqué chez moi un « syndrome de la page blanche » qui m’a obligée à faire une introspection et à cheminer différemment à travers ma foi. Cette année a été complexe à bien des niveaux pour moi, et j’ai pris du temps. J’ai déposé au pieds de Marie à Lourdes mes difficultés, mes ennuis mais aussi ma gratitude pour avoir reçu des signes me permettant de faire évoluer ma situation de façon favorable. En reprenant cette réflexion avec ce mot qui me bloquait depuis 6 mois, j’ai réalisé que cette émotion m’accompagnait depuis un certain temps, me tirant vers le bas, et que finalement c’est vraiment la foi qui m’a permis d’en sortir vainqueur.
L’approche de la veillée de prières et de louanges du 11 octobre du groupe Aineo, synonyme de joie, d’amour et de partage, sera mon message d’espoir et de foi si vous traversez en ce moment une période de tristesse qui vous parait insurmontable et dont vous avez peur. Ayez confiance en Dieu et gardez la foi, car au bout du chemin la joie de sa lumière n’en sera que plus intense et satisfaisante.
Je m’excuse encore pour ce long silence et vous rappelle que ce mot était le dernier de la liste des mots proposés. N’hésitez pas à m’en proposer de nouveaux, par le biais du site, et je m’efforcerai de satisfaire au mieux vos demandes. Soyez confiants, gardez la foi et nous vous attendons nombreux à la veillée du 11 octobre pour vivre une fois de plus un moment suspendu, de joie et d’amour, de partage et de victoire. Portez vous bien et à très vite
Tata Sophie