L’espérance

Toujours sur la route de Paques, nous continuons notre carême et arrivons cette semaine au dimanche des Rameaux, qui précède le dimanche de Pâques et qui marque l’entrée dans la semaine Sainte. Il commémore d’une part l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, ou il fut acclamé par une foule agitant des palmes et déposant des manteaux sur son passage, et d’autre part, la Passion du Christ, sa mort sur la croix et sa mise au tombeau. Par ce dimanche des rameaux, nous entrons dans l’Esperance, par la couleur verte des rameaux, par l’arrivée du printemps, de la fertilité, du renouveau. C’est donc de la notion d’espérance que nous allons parler cette semaine, mot qui faisait d’ailleurs partie des mots proposés.

L’espérance, par définition, est un sentiment de confiance en l’avenir qui porte à attendre avec confiance la réalisation de ce que l’on désire. Dans la bible, l’espérance est l’attente confiante et le désir de recevoir les bénédictions promises pour la justice. Les Ecritures parlent souvent de l’espérance comme de l’attente de la vie éternelle par la foi en Jésus Christ.

L’espérance est souvent confondue avec l’espoir dans nos langages courants et nos routines, mais ils sont cependant différents par de nombreux aspects et dans leurs démonstrations. Ce sont deux façons différentes d’attendre. L’espoir est le fait d’attendre et de désirer quelque chose de meilleur, pour soi ou pour les autres. L’espoir peut être considéré comme une émotion ou une passion. L’espérance, elle, est une confiance pure et désintéressée en l’avenir. Nous avons tous de nombreux espoirs quotidiens pour nos vies et pour la vie, mais l’espérance, elle, est intimement lié à nos croyances et à la foi. L’espérance est une vertu chrétienne qui trouve ses origines dans le judaïsme, par laquelle les croyants attendent de Dieu, avec confiance, sa grâce en ce monde et une vie éternelle après la mort. L’espoir est finalement, de façon implicite, un sentiment plus profane, une croyance en un avenir meilleur, mais sans la lumineuse confiance donnée par la foi. L’espérance est le résultat de la confiance en l’avenir portée par nos croyances. Nous nous en remettons à la grâce de Dieu, en acceptant de nous engager dans l’inconnu, en acceptant de se laisser faire et naitre dans chaque rencontre avec l’autre.

Malgré la richesse de notre langue, il est étonnant de ne trouver qu’un seul verbe, le verbe espérer, pour deux notions si proches et en même temps si différentes : l’espoir et l’espérance. L’espoir est indissociable de la condition humaine : on ne peut vivre sans espérer car nos vies sont composées d’un passé, d’un présent et d’un futur. Nous ne pouvons plus agir sur notre passé même s’il est lourd à porter, le présent nous échappe bien souvent et donc nous reportons sur l’avenir notre besoin de garder l’emprise sur nos vies. Nous le souhaitons meilleur et donc nous agissons dans le présent dans l’espoir d’atteindre nos attentes. Toutes nos frustrations du présent, nous les espérons dans l’avenir et ne pouvons vivre sans cela.

L’histoire est marquée par les violences, les souffrances et les injustices et nous semblons toujours dans l’attente d’une libération, de solutions qui ne semblent jamais venir. Parler d’espérance dans le contexte politique et socio-économique présent parait être une gageure, presque un défi provocateur, une utopie aux yeux d’autrui. Mais l’humain a besoin d’espérance face au marasme de nos vies, ce n’est pas un espoir vers une utopie ou un idéal, c’est un espoir plus concret, plus palpable, plus terre à terre, l’espoir que du positif peut arriver à tout moment. L’espérance c’est aussi notre capacité de faire mentir tous ceux qui voudraient que l’on renonce, que l’on se renferme, que l’on se replie, que l’on ne tente rien, que l’on ne prenne aucun risque et reste dans l’attente de la chance et du hasard. Face à des situations de désespoir et de chaos, l’espérance nait dans le refus de la résignation. Elle ne vient pas de l’extérieur, c’est avant tout un état d’esprit plus ou moins partagé en fonction des situations. L’espérance est liée au sens que nous donnons à la vie, tant que nous espérons, nous gardons une raison de vivre, de se battre. L’espérance du lendemain nous fait réagir en nous arrachant à l’angoisse et à la peur face aux douleurs du monde, elle fleurit dans les souffrances présentes. Il ne s’agit pas d’optimisme béat, c’est prendre sa vie en main et construire avec des actes concrets pour semer et récolter l’espérance, faire preuve d’amour et de compassion au milieu de l’indifférence générale. L’espérance se vit dans l’action : il ne faut pas simplement espérer, mais organiser l’espérance en la traduisant dans la vie concrète de tous les jours par une dynamique dans nos relations humaines, nos engagements sociaux et politiques.

Sur cette route vers paques, empreignons-nous de cette espérance chrétienne salvatrice. La foi ne nous épargne pas et ne nous arrache pas à notre condition d’homme. Elle fait de l’espoir une vertu, un don de Dieu qui devient l’espérance. Vivons l’espérance que nous soyons dans la joie ou le désespoir, Dieu vient à nous en toutes circonstances. L’espérance, souvent associée au marasme et au désespoir, jaillit aussi du cœur joyeux, de celui qui attend la naissance de la vie et qui est dans le pragmatisme de l’amour reçu et donné.

L’espérance est un cap de la vie chrétienne que l’on doit placer au centre de nos vies. Le pape François a dit que « c’est la plus petite des vertus, mais la plus forte »

Nous allons finir cette réflexion hebdomadaire en lui laissant la parole par cette phrase qu’il a déclaré le dimanche des rameaux suivant son élection :

« Nous accompagnons, nous suivons Jésus, mais surtout nous savons que lui nous accompagne et nous prend sur ses épaules : ici se trouve notre joie, l’espérance que nous devons porter dans notre monde. Et s’il vous plaît ! Ne vous laissez pas voler l’espérance ! Ne vous laissez pas voler l’espérance ! Celle que Jésus nous donne. »

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